dimanche 12 mai 2013

“La promo 49″ de Don Carpenter: entre teen comedy et tragédies intimes



Dans l’Oregon pluvieux, une génération de lycéens passe à la douche. Un roman lapidaire, entre teen comedy et tragédies intimes.

 Le remarquable roman qui permit l’an dernier à la France de découvrir Don Carpenter, Sale temps pour les braves, s’intitulait en VO Hard Rain Falling. Avec La Promo 49 (publié aux Etats-Unis en 1982), la même pluie continue de s’abattre sur l’Oregon, d’y doucher les enthousiasmes et d’y noyer les illusions : “des gouttes par milliers, par millions, qui tombaient sur les smokings et les robes du soir, tombaient sur des permanentes et des bananes, la pluie de Portland qui tombait sur tout et gâchait tout”. Il faudrait toutefois plus que quelques averses de coups durs pour dompter la vitalité d’une génération de lycéens middle class dont les hantises (acné, impopularité, sexualité corsetée) et les rêves (de gloire cinématographique, de succès littéraire ou de chamboulement politique) nourrissent un entêtant petit livre, où s’esquissent tous les types de personnages qui feront le succès de la teen comedy, du jock tout en biceps à la reine de beauté écervelée ou à l’intello déphasé.

 Portés par la plume désenchantée d’un écrivain qui avait en 1949 l’âge de ses personnages, vingt-quatre vignettes font revivre l’ivresse et les détresses de l’adolescence, la virulence du désir, l’élan des engouements grégaires et la cruauté des échecs secrets, la sécheresse de l’écriture ayant pour effet de souligner la profondeur des solitudes individuelles dont est tissé ce poignant portrait de groupe.

 La Promo 49, Cambourakis, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, 144 pages, 17,50 €


par Bruno Juffin (lesinrocks.com)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire