jeudi 9 mai 2013

Le ROMAN du ROMAN ou enfin des réponses à mes lecteurs...et aux curieux... il est temps...



JEU DE DUPES – MARIE DELHESTRE

Pourquoi avoir pris un pseudonyme pour ce livre ?
Pourquoi ce titre ?

Ce sont les deux questions qui viennent aussitôt après avoir refermé Jeu de dupes, et ce sont celles que se sont posé mes lecteurs.
Ce roman est un mille-feuilles. Il a plusieurs niveaux de lecture et plusieurs strates de narration aussi. Il peut être lu par des adolescents ou des lecteurs peu habitués aux jeux littéraires et posent beaucoup de questions (tel a été mon vœu de départ). Il génère un vertige pour mon plus grand plaisir.
Et donc, si on a bien compris les multiples niveaux de lecture de ce roman, les deux questions ci-dessus sont légitimes et elles sont évidemment intimement liées...
Du coup la question qui viendrait tout de suite après serait : « y a-t-il du vécu dans ce livre ? » puisque le narrateur est un écrivain... mais cette question le lecteur est presque gêné de la poser car il doit bien l'admettre, rien n'est possiblement vrai, mais il s'est réellement laissé embarquer dans cette histoire aux frontières du fantastique.


Je vais commencer par la dernière et je terminerai par la première.
La question du vécu est valable pour n'importe quelle œuvre. Dans chaque personnage il y a un peu de l'auteur, car on ne crée pas ex nihilo, on est écrit de toute part, traversé par ce que nous vivons, entendons, lisons... ici cela se vérifie d'autant plus que le narrateur est lui même écrivain. Et donc, il y est question de relations entre un auteur et ses personnages, mais le lecteur se rend vite compte qu'on prend le problème à l'envers dans la mesure où c'est le personnage qui réagit par rapport à son auteur.

Et du coup, notre histoire devient une histoire de domination... (réponse au choix du titre)

Dans ce livre donc, on n'est pas loin de la remise en question de l'image de l'écrivain-dieu-tout-puissant. Le personnage d'Hermann, personnage du personnage, va devoir réagir par rapport à ce que son auteur veut faire de lui. Les tourments auxquels chacun est confronté vont atteindre un paroxysme à la fin, où l'ultime question (quasi psychanalytique) sera celle de « tuer le père » et celle de savoir « qui est le père de l'autre » ou encore « lequel des deux a créé puis « tué » l'autre ? »
Il s'agit bien d'une mise en abîme et d'un récit spéculaire mais surtout d'un moyen de raconter cette toute puissance de l'écriture dans la vie d'un écrivain, lui même créateur et donc porteur d'un pouvoir de vie ou de mort sur ses personnages.
Si je n'avais pas fait du personnage principal un écrivain mais un lecteur lambda par exemple (comme par exemple, Woody Allen dans la Rose pourpre du Caire), j'aurais permis de conserver cette image de l'écrivain-tout-puissant. Mais en choisissant de montrer l'écrivain à l'oeuvre, je l'ai rendu vulnérable. Ce faisant, je désacralisais cette image de « créateur tout puissant ». En montrant mon écrivain, pris dans des questionnements sans fin sur les choix qu'il doit opérer dans la vie de ses personnages, je signale combien il peut être douloureux d'écrire, et comme dans la vie, de faire des choix (et je ne parle pas seulement du choix des mots ici).
J'ai voulu montrer que l'écrivain n'était pas tout puissant (par rapport à ses personnages), mais que l'écriture pouvait aussi dominer sa vie. En tout cas, c'était mon cas. A force de l'idéaliser j'en avais fait une idole, elle était devenue mon « maître », et en refusant de lui accorder toute la place qu'elle méritait, j'allais devoir rendre des comptes pas seulement aux lecteurs qui m'attendaient mais aussi aux personnages... C'est pourquoi tout le monde, auteur, narrateur, personnages et … lecteur s'est retrouvé embarqué dans cette histoire.

Ecrit dans une période de ma vie où l'écriture devenait obsédante mais totalement indépassable -je ne parvenais pas à m'en dégager alors que j'étais aux prises avec des difficultés professionnelles, personnelles, familiales extrêmement douloureuses et compliquées, le roman s'est écrit presque tout seul mais non sans souffrance...

La question que l'on pourra automatiquement me poser alors c'est de savoir si réellement cela m'est déjà arrivé en écrivant.
Je pense sérieusement que si j'avais eu quand j'écris, comme dans ce roman, un personnage qui soit venu me torturer la nuit pour que je le fasse vivre dans la réalité, je me serais retrouvée aux urgences psychiatriques. Non, plus sérieusement, il faut prendre cela au second degré et bien comprendre que ce n'était pas mes personnages qui me torturaient mais bien la question d'écrire ou ne pas écrire.
Cependant, il est certain qu'il arrive que l'on se laisse parfois embarquer par nos personnages, ils nous emmènent parfois là où on ne l'avait pas du tout prévu au départ. Surtout si on a choisi, comme je l'ai fait pour ce livre, une écriture à processus, c'est à dire sans plan défini à l'avance. Ce qui est très dangereux surtout pour la structure complexe que j'ai mis en place. C'est d'ailleurs ainsi que j'ai introduit une histoire d'amour, Herman devenait pour son auteur de plus en plus exigeant...

Enfin pour répondre à la première question donc qui intéresse apparemment beaucoup de lecteurs. Le choix du pseudonyme a été guidé par plusieurs raisons :
-L'anonymat étant la première raison du choix d'un pseudonyme, il ne se légitime ici que par le fait qu'il est intimement lié à l'intrigue même, il faut lire le livre pour le comprendre,
-ensuite, parce que j'avais déjà publié sous ce pseudonyme, au Seuil, dans Actes de Recherches en Sciences sociales (revue du Cairn) et que je pensais ainsi m'inscrire dans la durée sous ce nom.

Ce choix de l'anonymat n'a pas pu être tenu pour les raisons que j'ai du assumer seule la promotion de mon livre et ça devenait caduque par là même.
Ayant repris mes droits chez Kirographaires, ce roman cherche bien évidemment un nouvel éditeur...
Le lecteur malicieux y verra ainsi un dernier retournement à cette histoire incroyable, puisque finalement il y sera question de la « mort » de Marie Delhestre (nom d'auteur fictif) et que dès à présent et pour les deux publications à paraître cette année (un roman jeunesse et un récit poétique ayant trouvé tous deux un éditeur) je vous annonce que je reprendrais mon véritable nom, celui sous lequel les lecteurs de ma poésie entre autres m'ont connue.


En attendant, et pour ceux qui n'auront pas eu l'occasion de lire Jeu de dupes et seraient intéressés, il reste quelques exemplaires que je tiens à leur disposition (me contacter en mp).

Dans ce monde régi par des puissants.... l’Éditeur aura-t-il le dernier mot, aura-t-il la toute puissance de faire revivre tout ce petit monde ?
L'avenir nous le dira !

Marie-Josée DESVIGNES

1 commentaire:

  1. Marie-Josée Desvignes9 mai 2013 à 18:46

    merci beaucoup pour ce partage cher ami !!!!

    RépondreSupprimer